Un roi prisonnier de Fantômas by Souvestre Pierre & Allain Marcel

Auteur:Souvestre, Pierre & Allain, Marcel [Souvestre, Pierre et Allain, Marcel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-01-26T19:13:37+00:00

19 – ENFIN LIBRE

À peine Jérôme Fandor avait-il commencé son inspection qu’une exclamation de surprise lui échappa :

— Ah ! bougre de bougre !… c’est bien lui !…

Le journaliste s’était précipité dans un renfoncement de l’étrange cellule et agenouillé près d’un homme qui semblait dormir sur le sol… C’était, en effet, Frederick-Christian, enfermé dans le socle creux des Fontaines chantantes.

Jérôme Fandor appela respectueusement :

— Sire ! Sire ! éveillez-vous ! répéta Jérôme Fandor… je viens vous délivrer.

Le souverain dormait toujours. Mon Dieu ! pensa le journaliste, déjà prêt à plaisanter, c’est bien un royal sommeil. Et cette fois, n’hésitant pas, il posa la main sur l’épaule du dormeur et le secoua brusquement :

— Sire, éveillez-vous…

Bousculé, le roi ouvrit les yeux, regarda Fandor, puis, comme nullement surpris de l’apparition du reporter, comme s’il se fût attendu à le voir, et surtout comme s’il n’eût pas compris que le jeune homme venait à son secours, il poussa un grognement de malade que l’on dérange en plein sommeil, se retourna, referma les yeux, s’endormit de plus belle.

— Nom d’un chien ! mais réveillez-vous donc, Sire.

Et, comme le souverain ne levait même pas la paupière, une abominable crainte prit le journaliste.

— Mon Dieu ! Mon Dieu ! serait-il devenu fou ?

Fandor, toujours à genoux près du roi, secoua derechef le dormeur. En se penchant, Jérôme Fandor, soudain, avait respiré l’haleine empestée d’alcool du souverain.

— Bon Dieu ! murmura-t-il, il n’y a pas besoin de le regarder deux fois pour comprendre ; il est saoul comme trente-six Polonais. Ah bien ! on peut dire qu’il ne prend pas la captivité trop mal, celui-là…

Jérôme Fandor se releva. Une seconde encore il dévisagea le royal pochard, puis un pli lui barra le front :

— Mais alors, fit-il, jamais ce gaillard-là ne va être en état de me répondre ?… de m’expliquer comment il est venu ici ? comment on lui donne à manger ? qui vient le voir ?… Ah ! tiens !

Jérôme Fandor venait de faire une découverte.

Il se précipita vers de nombreuses bouteilles qu’il apercevait, voisines d’une caisse, dans un angle de la cellule. Il souleva le couvercle, regarda les bouchons qui jonchaient le sol, et redevenu sérieux :

— Qu’est-ce que ça veut dire ?… des jambons et de l’eau-de-vie ? Évidemment, je comprends qu’il soit saoul, le malheureux, s’il n’avait que cela à boire et à manger !

Les minutes passaient. Jérôme Fandor s’affolait :

— Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? que je le sorte de là ?… Cela, oui ! Mais, nom d’un chien de nom d’un chien, si je le tire de ce trou, comment diable trouverons-nous jamais, Juve et moi, les véritables coupables ? Comment pincerons-nous les complices de Fantômas, s’il en a ?…

Juve !

D’avoir prononcé le nom du policier, une inspiration subite vint à Fandor.

— Parbleu ! murmura-t-il, il n’y a pas à hésiter… c’est ce qu’il faut faire… Oui ! c’est le seul moyen… D’abord je sauve le roi, et puis, enfin, je garde une petite chance d’arriver à

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